Béatrice Gédouin-Malinge, Bilancia Les griffes du dragon

Dans le cadre de l'opération Masse Critique de babélio, j'ai été sélectionnée pour faire la critique du livre de Béatrice Gédouin-Malinge : Bilancia, Les griffes du dragon.

L'auteur : Béatrice Gédouin-Malinge est angevine de naissance et nantaise d'adoption. Enseignante, passionnée par la Duchesse Anne de Bretagne et par les châteaux de la Loire, elle décide d'écrire des romans pour la jeunesse afin de les faire découvrir aux jeunes lecteurs.

En 2004, elle publie Bilancia, Le secret de la Duchesse Anne, puis, en 2006, Bilancia, Le couronnement de l'hermine. En avril 2020 paraît le dernier tome de la trilogie : Bilancia, Les griffes du dragon, toujours aux éditions du Petit pavé.

Il y a de cela quelques années, une petite chatte du nom de Bilancia est arrivée dans la famille Dubreuil. Dotée de pouvoirs extraordinaires, elle a permis à Margaux et à son ami Richard de remonter le temps et de sauver la Duchesse Anne. Bilancia est partie mais elle leur a laissé son chaton : une jeune femelle qui a hérité tout à la fois du nom et des pouvoirs de sa mère.

Au début du roman, Margaux est plongée dans le coma sans que les médecins ne comprennent pourquoi. C'est qu'Halima, sorcière blanche et suivante de la Duchesse, est entrée en contact avec la jeune fille pour lui confier un terrible secret : Margaux est en danger. En effet, pour se venger d'Anne, le maréchal de Gié a demander à la sorcière Malkina de jeter un mauvais sort à la jeune Claude de France ainsi qu'à toute sa descendance, dont font partie Margaux et sa famille. Halima prévient la jeune fille : si le sort n'est pas rompu au bout de 500 ans, il deviendra éternel. Margaux n'a plus que quelques jours pour agir.

Aidée de son ami Richard et de sa jeune sœur Louise, guidée par Bilancia, elle parcourt le château du Plessis-Bourré afin de résoudre l'énigme laissée par Halima et ainsi rompre le charme. Mais cette quête a un prix et Bilancia n'en sortira pas indemne.

Pour tout vous dire, je m'attendais à un roman de fantasy. Le titre? La page de couverture? Le résumé peut-être? J'ai donc été assez décontenancée en me retrouvant face à autre chose. Certes, la magie est présente mais le but assumé de ce roman est bien de donner le goût de l'Histoire aux jeunes lecteurs.

Passé ce malentendu, j'ai trouvé un livre dont l'écriture était parfaitement adaptée à des lecteurs de 9/12 ans avec un fil narratif unique et chronologique. Quelques rappels aux épisodes antérieurs peuvent néanmoins gêner.

Margaux, Louise et Richard - les héros - ont à peu près l'âge des lecteurs et agissent dans un quotidien familier, ce qui doit faciliter l'identification. L'histoire est bien menée, sans temps morts. Un bémol : Bilancia est l'unique vecteur magique dans un monde par ailleurs parfaitement ordinaire ce qui a rendu l'accroche difficile. Mais peut-être est-ce parce que je lis beaucoup de fantasy.

Cependant, Bilancia est l'animal domestique dont chaque enfant rêve. Une sorte d'ami semi-imaginaire, un "animal protecteur", qui aide à affronter les difficultés, à grandir et à quitter le monde de l'enfance. Dans le roman, Margaux a 14 ans, découvre qu'elle est amoureuse, échange ses premiers baisers... Bilancia perd peu à peu sa raison d'être.

Le thème de la malédiction, récurrent dans les contes de fées, sert ici de prétexte à l'exploration de l'Histoire. Plongés dans leur téléphone ou leur ordinateur, les enfants en cherchent les traces et découvrent la fin tragique des derniers Valois et le changement de dynastie qui suit la mort d'Henri III.

Enfin, le roman est l'occasion de mettre à l'honneur le château angevin du Plessis-Bourré. Édifié au XVème siècle, il est un château de transition : un plan défensif mais une architecture et des aménagements renaissances, tel le plafond à 24 caissons de la salle des gardes que nous décrit l'auteure. Petite anecdote : extrêmement bien conservé, le château a servi aux tournage de nombreux films historiques et notamment, en 1970, à celui de Peau-d'âne de Jacques Demy avec Catherine Deneuve.

Si l'auteure prend soin d'ajouter à son roman une rubrique " Rétablissons la vérité" qui fait la part de l'Histoire et de la fiction, il est par contre à regretter que la bibliographie jointe soit à l'usage exclusif des adultes (c'est-à-dire des acheteurs).